Qui étaient les pêcheurs?
Dans les années 1930, de jeunes matelots à l'oeuvre
Les équipages étaient constitués de « gens de mer » mais aussi de paysans. Ils retrouvaient leurs champs après, s’ils revenaient. Il y avait en effet un avantage financier indéniable : un ouvrier agricole gagnait en moyenne 2500 francs par an alors qu’un pêcheur de morue en gagnait de 5 à 6000.
La majorité des pêcheurs étaient des adolescents et des hommes jeunes, peu ou pas qualifiés. Ils étaient appelés « engagés » ; « peltas » ou « graviers » selon les régions et les époques. Ils louaient leurs services à un « maitre-habitant » propriétaire d’une « habitation » (établissement de pêche avec grave, hangar, etc.) pour une campagne ou pour une période de trois ans (les « trente-six mois »). Au XVIIIe siècle, en raison de la pénurie de main d’œuvre, ils devenaient de plus en plus exigeants en ce qui concernait leurs avantages. Ils demandaient une plus grande part de poissons pêchés et de barils d’huile de foi de morues. Certains n’hésitaient pas à quitter en pleine campagne leur maître pour aller travailler chez un habitant voisin. En juin 1743, un règlement a mis fin à ces pratiques : tous les nouveaux engagements devaient alors être passés devant un notaire, les avances seraient réduites, tandis qu’une rémunération maximale serait fixée. Les conditions de vie des engagés à partir de là ne cessèrent de se dégrader. Au XIXe siècle, beaucoup d’entre eux n’étaient pas mieux traités que des esclaves. « Ces gens ne sont à la mer que des passagers. On les entasse en aussi grand nombre qu’il est utile de le faire dans tous les coins du navire. Ils ne sont pas difficiles et se contentent de peu. Le gravier, c’est un paria. Il ne représente quelque chose aux yeux de personne. Le moindre matelot devient près de lui un personnage qui le prime. S’il doit se noyer, c’est très obscurément et il n’a pas l’honneur consolant d’en être un peu responsable. Ce sont les autres qui, en sombrant, l’entraine à leur suite. Il cherche misérablement sa vie et à grand peine il trouve de quoi la soutenir. Enfin, il passe la plus grande partie de son temps et de ses journées dans les chauffauts, rude commencement du purgatoire ». Ce constat terrible est réalisé par Arthur de Gobineau en 1859.
Les matelots pratiquant la pêche à la morue constituent une pépinière de premier choix pour le recrutement de la flotte royale. Après la guerre de sept ans (1763), à une période où un nouveau conflit aurait pu éclater entre la France et l’Angleterre, la marine pouvait faire appel à une main d’œuvre expérimentée. En effet, par opposition à la marine au long cours classique, qui apparaissait souvent aux terriens comme synonyme de maladie, de débauche et de désertion, Terre Neuve faisait plutôt figure de navigation «vertueuse». C’est pourquoi une prime par homme embarqué fut accordée à partir de 1784 aux Terre Neuviers afin de stimuler cette sorte de caserne marine.
La majorité des pêcheurs étaient des adolescents et des hommes jeunes, peu ou pas qualifiés. Ils étaient appelés « engagés » ; « peltas » ou « graviers » selon les régions et les époques. Ils louaient leurs services à un « maitre-habitant » propriétaire d’une « habitation » (établissement de pêche avec grave, hangar, etc.) pour une campagne ou pour une période de trois ans (les « trente-six mois »). Au XVIIIe siècle, en raison de la pénurie de main d’œuvre, ils devenaient de plus en plus exigeants en ce qui concernait leurs avantages. Ils demandaient une plus grande part de poissons pêchés et de barils d’huile de foi de morues. Certains n’hésitaient pas à quitter en pleine campagne leur maître pour aller travailler chez un habitant voisin. En juin 1743, un règlement a mis fin à ces pratiques : tous les nouveaux engagements devaient alors être passés devant un notaire, les avances seraient réduites, tandis qu’une rémunération maximale serait fixée. Les conditions de vie des engagés à partir de là ne cessèrent de se dégrader. Au XIXe siècle, beaucoup d’entre eux n’étaient pas mieux traités que des esclaves. « Ces gens ne sont à la mer que des passagers. On les entasse en aussi grand nombre qu’il est utile de le faire dans tous les coins du navire. Ils ne sont pas difficiles et se contentent de peu. Le gravier, c’est un paria. Il ne représente quelque chose aux yeux de personne. Le moindre matelot devient près de lui un personnage qui le prime. S’il doit se noyer, c’est très obscurément et il n’a pas l’honneur consolant d’en être un peu responsable. Ce sont les autres qui, en sombrant, l’entraine à leur suite. Il cherche misérablement sa vie et à grand peine il trouve de quoi la soutenir. Enfin, il passe la plus grande partie de son temps et de ses journées dans les chauffauts, rude commencement du purgatoire ». Ce constat terrible est réalisé par Arthur de Gobineau en 1859.
Les matelots pratiquant la pêche à la morue constituent une pépinière de premier choix pour le recrutement de la flotte royale. Après la guerre de sept ans (1763), à une période où un nouveau conflit aurait pu éclater entre la France et l’Angleterre, la marine pouvait faire appel à une main d’œuvre expérimentée. En effet, par opposition à la marine au long cours classique, qui apparaissait souvent aux terriens comme synonyme de maladie, de débauche et de désertion, Terre Neuve faisait plutôt figure de navigation «vertueuse». C’est pourquoi une prime par homme embarqué fut accordée à partir de 1784 aux Terre Neuviers afin de stimuler cette sorte de caserne marine.