Les Bateaux
Goélette ou Terre-Neuva au départ de Fécamp
Sur des « goélettes», bateaux à plusieurs voiles utilisés depuis 1789, apparait une nouvelle manière de pêcher, particulièrement adaptée pour la pêche de Morues. Cette technique utilisait « l’harouelle » ou la « ligne de fond ». Une ligne de fond était une longue corde tirée par une ancre qui permettait d’atteindre des fonds suffisants pour attirer la morue. A cette ligne, vers la partie la plus profonde, était accrochée une autre ligne qui flottait perpendiculairement à cette première ligne et sur laquelle il y avait près de 70 crochets avec des « boëtes » (appâts). Ensuite, on remontait cette ligne et on récoltait plusieurs dizaines de poissons à la fois sur des « chaloupes », sorte de petits bateaux peu manœuvrables. Vers 1875 est introduite l’utilisation de « doris ».
Doris
Les doris étaient de petites embarcations de 15 pieds de long, légères, à fond plat, empilées sur le côté des bateaux. Ils avaient des qualités nautiques si remarquables qu’on en a retrouvé après de violentes tempêtes flottant encore intacts ; chacun d’eux avait un équipage de deux hommes, un patron et un matelot: « l' avant de doris ». C’est en 1865 que les doris, empruntés aux américains, ont fait leur apparition en Terre Neuve. Ils ont rapidement remplacé les chaloupes du banc, massives, montées par 6 ou 7 hommes et dont la perte arrêtait net toute la pêche. En effet, si un doris monté par deux hommes venaient à se perdre, la pêche n’en était pas pour autant entravée et les pertes en hommes et en argent étaient beaucoup moins sérieuses.
Illustration de la Pêche à l'Harouelle
La pêche à l’harouelle se faisait par des fonds variables mais généralement proches de 100 mètres.On plongeait les lignes dans l’océan en prenant bien soin de faire en sorte que les lignes des divers doris de ne s’entremêlent pas. Les premiers jours après le « mouillage » (ou ancrage) du bateau, les doris n'allaient pas très loin du navire. Cependant, au fur et à mesure des jours, les détritus jetés du bord, en se décomposant, empoisonnaient l’eau et chassaient la morue tout en attirant d’autres poissons peu appréciables comme des colins, des chiens de mer ou même des requins groenlandais. Ainsi, les doris devaient s’écarter de plus en plus du bateau. Les lignes restaient mouillées toute la nuit et n' étaient relevées que vers 4 heures du matin. Il s’en suivait de nombreuses étapes physiquement éprouvantes afin de ramener la Morue pêchée à bord, celles ci prenant en effet près de 4 à 5 heures.
Les pêcheurs rentrés à bord et préparaient la morue. Ensuite, ils réparaient leurs lignes, si il y en avait besoin, et les boëttaient à nouveau afin que quelques heures plus tard, ils puissent recommencer.
Les pêcheurs rentrés à bord et préparaient la morue. Ensuite, ils réparaient leurs lignes, si il y en avait besoin, et les boëttaient à nouveau afin que quelques heures plus tard, ils puissent recommencer.
Voilliers et Doris
A l'heure du retour, il n'était pas rare que la brume aie fait son apparition, ou que la tempête se soit levée, ce qui rendait le retour sur le bateau très complexe voire dangereux. Le doris ne pouvant plus retrouver son bâtiment partait en dérive sur le banc jusqu'à ce qu’il soit rencontré par un autre navire ou puisse atterrir à Terre-Neuve. Pour peu que cette situation se prolonge, on imagine bien dans quel état se trouvaient les deux dorissiers, transis de froid et mourant de faim. Néanmoins, grâce à la une loi passée en 1908, chaque doris de pêche devait avoir à bord un compas, deux gaffes, deux écopes, cinq avirons, un cornet de brume, au moins 4.5 kilo de biscuit et 6 litres d’eau contenus dans des caisses étanches. Evidemment, ces règles n'étaient pas spécialement bien respectées. De plus, il n’existait pas de systèmes pratiques permettant aux dorissiers de se cramponner plus facilement aux embarcations, ce qui est cause de nombre d’accidents sources de morts.
Chalutiers
Premier modèle de Chalutier
Ce type de bateau fut dominant jusqu'à l’apparition des « Chalutiers » en 1904. Ce bateau à moteur, nommé après la technique de pêche qu’il utilise qui inclut l’utilisation d’un « chalut » fut utilisé jusqu'à la fin de la « Grande Pêche » en 1987. Le chalut était une sorte de filet de pêche en forme de poche que l’on trainait sur les fonds de sable ou des fonds rocheux. Ces filets capturaient de nombreux poissons qui étaient ensuite ramenés à bord, d’abord à la main puis par une rampe arrière à partir de 1965. L’utilisation de ce bateau fut une cause du déclin de la pêche à la morue
Les Boëttes
Capelan
Le nom « boëtte » fait référence aux divers appâts utilisés pour la pêche à la Morue. La boëtte jouait un rôle prédominant et déterminait souvent le sort de la campagne. En effet, si l’appât faisait défaut à un certain moment, la pêche devenait impossible.
Malgré la voracité légendaire de la Morue ( il y a même une histoire qui racontait qu’un pêcheur aurait perdu une mitaine dans l’eau et l’aurait retrouvée dans une morue 50 miles plus loin ), elle montrait un goût prononcé pour certains appâts et en dédaignait d’autres. Pour pouvoir les satisfaire, il fallait savoir varier périodiquement les appâts, comme l'exprime en ces termes Mr. Rallier du Baty: « il ne faut pas lui offrir une boëtte dont elle est déjà gavée, ni lui offrir non plus dans un endroit donné, une boëtte qui n’existe jamais à cet endroit » . Il fallait aussi des appâts frais qui donnaient souvent des meilleurs résultats. Les boëttes les plus utilisés étaient le hareng, l’encornet, le capelan et le bulot.
Le hareng était utilisé en première pêche, entre avril et juin. Généralement, les pêcheurs français en achetaient sur la côte américaine, n’ayant pas les moyens d'en pêcher eux-mêmes. En effet, il n'était pas rare que, à cause du prix de ce poisson, tout ce que les pêcheurs faisaient avec était de s’en servir pour pêcher les toutes premières morues. Ensuite, en lançant la tête de la morue à la mer, comme détritus, on pouvait attirer des « bulots » qui étaint bien plus efficaces dans cette pêche.
On se servait aussi du « Capelan ». Ce poisson de la famille des salmonidés présente la particularité de rechercher à pondre dans les eaux douces ou très peu salées. Vers la mi-juin, avec une grande régularité, le capelan venait donc dans les eaux de Terre-Neuve qui étaient relativement peu salées pour déposer ses œufs dans toutes les baies et sur tous les rivages. A cette époque, on raconte que le flot déferlait sur le rivage en apportant avec lui de telles quantités de poissons que la mer en perdait sa teinte verte pour prendre une couleur laiteuse, et se retirait, laissant sur la plage des myriades de capelans. Bien qu'ils n'étaient pas les meilleurs appâts, ils étaient facile à récolter. Le capelan constituait la boëtte de seconde pêche, de juin à juillet. Cependant, aussitôt que les encornets faisaient leur apparition, les pêcheurs se précipitaient sur eux.
L’Encornet est un céphalopode qui constituait la boëtte préférée de la morue. Ils apparaissaient en juillet sur le grand banc, nageant par bandes serrées et demeuraient là-bas jusqu’en Septembre. Ce poisson était pêché avec les doris Doris à l’aide d’une « turtulle », une sorte de bobine en plomb sur laquelle les poissons se précipitaient. Il fallait ensuite le détacher soigneusement sans le toucher car il rejetait un produit liquide de défense noirâtre corrosif et dangereux pour l’épiderme des marins, pouvant causer de nombreuses infections. De plus, cette boëtte était particulièrement efficace car d’une part, elle attirait la morue, et d’autre part, sa chair était assez tenace pour rester à l’hameçon quand on décrochait la morue, si bien que le même appât pouvait servir 2 ou 3 fois.
Finalement, le Bulot était aussi un des appâts les plus apprécié par les Morues. Sa valeur fut découverte en 1886 après que le «bail act »fut promu et que les pêcheurs se trouvaient dans l’impossibilité de s’approvisionner en Harengs. C’est alors que des Fécampois, restés sur le banc pendant toute la campagne eurent l’idée d’employer comme appât un gros bigorneau appelé « Bulot ». Ce gastéropode s’est ensuite popularisé, et ce à un tel point que certains pêcheurs en vinrent à le préférer à l’encornet. De plus, cet appât se reproduisait en grande quantités et présentait un aspect très utile pour les pêcheurs. En effet, d’après M. Le Danois, scientifique maritime, le Bulot était attiré vers les dêchets des bateaux si bien qu' il était encore plus facile pour les pêcheurs de le trouver.
Malgré la voracité légendaire de la Morue ( il y a même une histoire qui racontait qu’un pêcheur aurait perdu une mitaine dans l’eau et l’aurait retrouvée dans une morue 50 miles plus loin ), elle montrait un goût prononcé pour certains appâts et en dédaignait d’autres. Pour pouvoir les satisfaire, il fallait savoir varier périodiquement les appâts, comme l'exprime en ces termes Mr. Rallier du Baty: « il ne faut pas lui offrir une boëtte dont elle est déjà gavée, ni lui offrir non plus dans un endroit donné, une boëtte qui n’existe jamais à cet endroit » . Il fallait aussi des appâts frais qui donnaient souvent des meilleurs résultats. Les boëttes les plus utilisés étaient le hareng, l’encornet, le capelan et le bulot.
Le hareng était utilisé en première pêche, entre avril et juin. Généralement, les pêcheurs français en achetaient sur la côte américaine, n’ayant pas les moyens d'en pêcher eux-mêmes. En effet, il n'était pas rare que, à cause du prix de ce poisson, tout ce que les pêcheurs faisaient avec était de s’en servir pour pêcher les toutes premières morues. Ensuite, en lançant la tête de la morue à la mer, comme détritus, on pouvait attirer des « bulots » qui étaint bien plus efficaces dans cette pêche.
On se servait aussi du « Capelan ». Ce poisson de la famille des salmonidés présente la particularité de rechercher à pondre dans les eaux douces ou très peu salées. Vers la mi-juin, avec une grande régularité, le capelan venait donc dans les eaux de Terre-Neuve qui étaient relativement peu salées pour déposer ses œufs dans toutes les baies et sur tous les rivages. A cette époque, on raconte que le flot déferlait sur le rivage en apportant avec lui de telles quantités de poissons que la mer en perdait sa teinte verte pour prendre une couleur laiteuse, et se retirait, laissant sur la plage des myriades de capelans. Bien qu'ils n'étaient pas les meilleurs appâts, ils étaient facile à récolter. Le capelan constituait la boëtte de seconde pêche, de juin à juillet. Cependant, aussitôt que les encornets faisaient leur apparition, les pêcheurs se précipitaient sur eux.
L’Encornet est un céphalopode qui constituait la boëtte préférée de la morue. Ils apparaissaient en juillet sur le grand banc, nageant par bandes serrées et demeuraient là-bas jusqu’en Septembre. Ce poisson était pêché avec les doris Doris à l’aide d’une « turtulle », une sorte de bobine en plomb sur laquelle les poissons se précipitaient. Il fallait ensuite le détacher soigneusement sans le toucher car il rejetait un produit liquide de défense noirâtre corrosif et dangereux pour l’épiderme des marins, pouvant causer de nombreuses infections. De plus, cette boëtte était particulièrement efficace car d’une part, elle attirait la morue, et d’autre part, sa chair était assez tenace pour rester à l’hameçon quand on décrochait la morue, si bien que le même appât pouvait servir 2 ou 3 fois.
Finalement, le Bulot était aussi un des appâts les plus apprécié par les Morues. Sa valeur fut découverte en 1886 après que le «bail act »fut promu et que les pêcheurs se trouvaient dans l’impossibilité de s’approvisionner en Harengs. C’est alors que des Fécampois, restés sur le banc pendant toute la campagne eurent l’idée d’employer comme appât un gros bigorneau appelé « Bulot ». Ce gastéropode s’est ensuite popularisé, et ce à un tel point que certains pêcheurs en vinrent à le préférer à l’encornet. De plus, cet appât se reproduisait en grande quantités et présentait un aspect très utile pour les pêcheurs. En effet, d’après M. Le Danois, scientifique maritime, le Bulot était attiré vers les dêchets des bateaux si bien qu' il était encore plus facile pour les pêcheurs de le trouver.